Parmi les lauréats du SOMMET d’OR 2024, Laurent POULET, éleveur de chèvres en Ardèche, a inventé une balance qui permet de suivre quotidiennement, et en toute autonomie, la croissance des chevrettes. Celles-ci grimpent spontanément sur la balance connectée qui mesure et enregistre le poids des animaux à chaque passage.
Rencontre avec l’inventeur de la BAAC (Balance Autonome Connectée Chevrettes) :
De gauche à droite :
- Laurent POULET, éleveur de chèvres à Saint Alban d'Ay, dans nord de l’Ardèche.
- Patrick RIBES, éleveur de chèvres, Éclassan, Ardèche. Président de l'association d'éleveurs Adice.
- Jean-Philippe GORON, responsable de l'activité caprine Adice.
- Hugues VILLETTE, directeur d'Adice.
Quelle a été la problématique de départ de la balance connectée ?
Avec mon épouse, nous avons un troupeau de 180 chèvres, soit en moyenne une centaine de chevrettes à élever chaque année. Une partie est conservée pour le renouvellement du troupeau et l’autre est vendue.
Pour bien se vendre, il faut des chevrettes de bonne taille et en forme. Cet objectif est réalisable en pesant chaque chevrette une fois par semaine, pour un suivi rigoureux de leur croissance.
Sur 100 chevrettes, je vous laisse faire le calcul jusqu’au sevrage à 16 kg, mais j’avoue que ces pesées à répétition sont très chronophages et fastidieuses. Ce fut donc le point de départ de ma réflexion pour trouver une solution.
Et pourquoi cette balance est-elle devenue la solution ?
A force de voir les chevrettes naturellement grimper un peu partout sur les bottes de paille, les bidons. J’ai imaginé qu’avec une balance adaptée à la situation, et placée au milieu des chevrettes, elles pourraient se peser toutes seules. J’ai donc commencé les premiers essais de conception dans mon atelier.
Quel a été l’accompagnement de votre conseil en élevage, Adice, et OKTEO sur cette innovation ?
La partie mécanique était dans mes cordes. En revanche, le reste je ne connaissais pas. J’ai présenté mon idée au conseil d’administration d’Adice qui a été convaincu et a soutenu financièrement mon initiative. Ils ont ensuite invité OKTEO à rejoindre l’aventure pour m’aider sur les questions électroniques : comment identifier la chevrette, son poids, l’heure de pesée ? Comment faire remonter et traiter les données ? Créer un algorithme fiable ? etc…
Aujourd’hui, nous constatons qu’une chevrette effectue une moyenne de 40 à 50 pesées par jour sur la balance, avec au final une bonne quinzaine de pesées fiables. On peut ainsi établir une moyenne de poids à la journée, comparer avec le poids de la veille et ressortir le gain moyen quotidien (GMQ).
Et puis, au-delà de la poudre de lait économisée par ce suivi de croissance précis, la balance peut aussi apporter un plus sur le repérage anticipé des pathologies. Elle peut être un véritable indicateur de bonne santé d’une chevrette.
Que représente pour vous cette distinction du Sommet d’Or ?
Beaucoup de fierté, et un réel plaisir d’avoir concrétiser une idée utile pour notre quotidien d’éleveur. Le Sommet d’Or est un véritable levier pour donner de la visibilité à une innovation. C’est toujours agréable d’en parler et de montrer la pertinence de notre invention. Ce genre de récompense nous encourage à avancer et améliorer encore le concept. C’est un « booster » d’énergie !
Quelles sont justement les prochaines étapes de la balance connectée ?
Nous allons affiner la conception et fiabiliser plus encore l’algorithme. Avec le soutien de l’Idele, nous la testerons dans six nouvelles fermes.
Maintenant que nous sommes récompensés, nous sommes attendus. Nous espérons donc continuer à l’améliorer, démarrer la production, et la commercialiser fin 2025.
Notre idée est bien de rendre la balance accessible économiquement pour les éleveurs avec un retour sur investissement autour de 4 ans. Tout reste à faire mais le projet est enthousiasmant.
Propos recueillis par Charly GUÉRIN, journaliste chez OKTEO.